Je suis mère. Un aveu,
un préalable, une banalité.
J'ai lu avec de
l'effarement les mots du Grrrrrand Pédiââââââtre Aldo Naouri,
qui dit en substance : quand votre femme vient d'accoucher, que
sa vulve ressemble à Verdun, qu'elle dort 3h par nuit, et qu'elle ne
(légitimement) veut pas baiser ? Violez la !!! Bien sur,
il se reprend, bien sur c'est une provocation (c'est celàààà
oui). (il a d'ailleurs des positions un poil dég' sur l'adoption par
les couples de mêmes sexe)(
http://www.elle.fr/Societe/Les-enquetes/Aldo-Naouri-Nous-sommes-tous-des-parents-tordus-2412560#Je-veux-mon-silence-tonitruant-2412572
)
Revenons sur le « violez
la ». Bien sur, une mère ne peut pas avoir envie de sexe.
D'ailleurs les hommes eux, ont envie de sexe en permanence.
D'ailleurs c'est bien connu, un petit coup sans consentement, et
tout va mieux. Et les femmes s'interdisent le sexe quand elles sont
mèèèèèères. Il faut choisir : mère ou amante !!!
Ce sont des inepties. Je
n'ai pas choisi. Je suis femme, cisgenre, hétérosexuelle ;
j'ai eu le désir d'avoir un enfant avec mon compagnon, désir
réalisé, ce qui est formidable. Je n'ai pas repris « la
baise » en rentrant de la maternité, ni même 1 mois après,
ni même 3 mois après, mais plus tard. Quand j'ai voulu, quand mon
compagnon a voulu. Je ne suis pas une mère ou une amante, je suis
une femme qui a un enfant, qui a aussi des désirs sexuels, qui a
aussi une vie professionnelle et sociale, une santé (parfois
vacillante), des soucis. Je ne suis pas une machine à niquer ou à
materner : je suis les DEUX, et bien plus que cela.
Ma vie sexuelle n'est pas
le jouet d'un médecin qui se croit hyper docte, ma vie sexuelle est
privée, intime, entre moi et mon compagnon. Elle est cependant
politique, quand l'injonction à la performance l'atteint, quand les
préjugés homme/femme la gangrène, quand elle dérive d'une norme
idiote et basée sur des principes patriarcaux auxquels nous ne
voulons pas adhérer. Le sexe, la libération de la vie sexuelle, est
une des batailles des féministes de la seconde vague, encore une
fois, elle n'est pas acquise ou alors uniquement en surface : le
fait de reconnaître des sexualités d'individus et non de genre, des
groupe social ou d'âge, n'est encore malheureusement pas
d'actualité. « avouer » ne pas avoir une vie sexuelle
débridée à 25 ans est une tare, une honte. Ne pas être une bête,
une obsedée, qui ne fait pas tout pour « plaire » à son
mâle assigné, a une conséquance : l'incitation au viol par la
faculté. C'est scandaleux, arriéré, misogyne.